Griffée Worth

Publié par la Gazette Drouot

Cet après-midi de promenade dans la haute couture des années 1870 honorait une robe du créateur d’origine anglaise.

Encore un coup de maître de la perfide Albion ! C’est à un créateur d’origine anglaise que l’on doit la naissance de la haute couture parisienne (heureusement, les Français se sont bien rattrapés depuis !), et l’on ne peut honnêtement que s’ébahir devant les modèles dessinés par Charles Frederick Worth (1825-1895), puisque c’est bien de lui qu’il s’agit. L’homme, dont l’enfance ressemble à un roman de Dickens, a signé une véritable success story. Le « père des couturiers » ainsi que l’on a coutume de le désigner connaît un succès quasi immédiat dans la capitale, aidé par des femmes influentes dont les plus regardées de toutes, Eugénie et Sissi. Dans le sillage des impératrices, nombreuses seront les clientes à commander ses robes toujours confectionnées dans des étoffes de luxe, pour mieux justifier leur prix exorbitant, mais choisies aussi en souvenir des peintures de Van Dyck, Titien et Véronèse découvertes au Louvre. Ici, un modèle d’après-midi en taffetas de deux tons de vert, présentant un bustier à la polonaise formant grand tablier sur le devant et remonté à l’arrière par un grand nœud (un détail qui l’identifie autant qu’une signature), se promenait devant les acheteurs et recevait 10 795 €. L’ouvrage que l’une de ses descendantes, Chantal Trubert-Tollu, a cosigné l’année dernière (La Maison Worth, 1858-1954, éditions La Bibliothèque des Arts, mars 2018) lui rendait enfin hommage : un livre essentiel, préfacé par un certain Christian Lacroix et offrant, page après page, un véritable défilé dans l’univers de la mode sous l’Empire.

MERCREDI 4 DÉCEMBRE, SALLE 6 - DROUOT-RICHELIEU. TESSIER & SARROU ET ASSOCIÉS OVV.