La Fonderie de Chevreuse



La Fonderie de Chevreuse regroupe plusieurs appellations : C. Valsuani, Airaindor, Airain d’Art… La plus historique de ces marques est sans conteste « Valsuani », initialement due à Claude Valsuani qui, après avoir travaillé pour Hébrard, ouvre sa propre fonderie à Paris en 1908 au 74 rue des Plantes. Cet établissement fut vite remarqué pour sa patine à chaud, son noyau « à l’italienne » (brique, plâtre ou ardoise pilés) et sa potée à la bouse de vache (économique et fidèle aux détails).

Amoureux des arts, Claude Valsuani offrit même aux artistes de tirer les bronzes à crédit, n’acceptant d’être payé qu’après leur vente (en 1914 Lipchitz en bénéficiera).

En 1923, à la mort de Claude, son fils Marcel Valsuani lui succède et acquiert vite une grande réputation. La fonderie, qui travaille pour de nombreux artistes majeurs, fond pour Pompon entre 1926 et 1929, et, parmi les sculpteurs les plus connus notons Arp, Avati, Belmondo, Joseph Bernard, Bonnard, Bourdelle, Brancusi, Braque, Breker, R. Bugatti, Cszaky, Dali, Despiau, A. Giacometti, Idenbaum, Injalbert, Laurens, Lipchitz, Maillol, Malfray, Masson, Matisse (totalité de l’œuvre, y compris les fontes posthumes de 1925 jusqu’à environ 1980), Picasso, Poisson, Renoir, Richier, Sandoz, Sarrabezolles, Troubetzkoy…

Marcel dirigera la fonderie jusqu’en 1973, puis un ancien employé, Antoine Tamburro reprend l’activité Valsuani.

Un an plus tard sur fond de crise économique dans le marché de l’art, l’établissement est acquis par Anne Demeurisse (fille du légataire universel du sculpteur Pompon), qui en confie la gérance à son mari Jacques Sokolowski (à l’origine courtier en assurance). Ce dernier, oublieux des droits d’auteur, subit une fermeture administrative en 1977. Une partie de l’équipe quitte la fonderie et en crée un nouvelle à Saint-Denis, successivement nommée « Taube-Lebel », puis « Taube » et enfin « Fonderie de la Plaine ». J’avais pris contact avec Monsieur Sokolowski vers 1990 à ce sujet, alors qu’il résidait à Soissons dans l’Aisne1.

Après diverses péripéties, les droits de Valsuani sont repris à la barre du Tribunal de commerce par Léonardo Benatov et son ami Daniel Wildenstein en 1981.

En 1982, la fonderie de la rue des Plantes est déménagée à Chevreuse et considérablement modernisée. En 1985, parallèlement à Valsuani, est créé par Benatov la société Airaindor qui se spécialise dans la fonte sous vide. C’est alors la seule fonderie à pouvoir couler d’un seul jet les pièces monumentales tenant de la statuaire de 5 mètres de hauteur.

Le répertoire historique des artistes s’agrandit avec Antony Quinn, Antoni Clavé, Michel Guino, César, Michael Chemiakin…

En janvier 2012, la ministre du Budget Valérie Pécresse a salué le mérite et le savoir-faire de la Fonderie Valsuani et de son équipe qui ont su relever les défis du développement en modernisant les procédés de fabrication tout en respectant les traditions ancestrales du bronze artistique.

Secrétaire d’État chargé de l’Artisanat, Frédéric Lefebvre a remis à la fonderie Valsuani le label « Entreprise du Patrimoine vivant » qui distingue les entreprises françaises de production, de restauration ou de transformation détenant un « savoir-faire rare renommé ou ancestral ».
Marc Ottavi

Source principale : Élisabeth Lebon, Dictionnaire des fondeurs de bronze d’art, France 1890-1950, Marjon éditions, 2003.


1 Marc Ottavi