Derniers feux russes pour Korovine

Publié par la Gazette Drouot

En 1923, la situation politique russe se détériore. Le régime de Lénine se durcit et la situation va empirer à partir de 1924, quand Staline lui succède. Cette période est évoquée dans l’exposition au Grand Palais, « Rouge. Art et utopie au pays des Soviets », visible jusqu’au 1er juillet. Constantin Korovine, quant à lui, rejoint la France dès 1923, étant déjà venu à Paris à la fin des années 1880.
Il y avait alors découvert l’impressionnisme, dont il a adopté la touche vive, la fascination pour les jeux de lumière à travers les arbres, dans des intérieurs ou au bord de l’eau. À la Révolution, il compte parmi les personnalités les plus actives pour conserver et protéger les œuvres d’avant-garde et les artistes. Le châssis du tableau porte la marque de Keltz Mener, probablement un magasin de fournitures d’artistes, à Berlin, où Korovine fit partie d’une exposition de peintres russes, en 1922, à la galerie Van Diemen. Cette danseuse sous la véranda de sa villa d’Okhotino achetée vers 1910, près de Iaroslav, renvoie à son travail pour le théâtre et l’opéra, qui l’occupait pendant ses premières années de la Russie soviétique. La jeune ballerine pourrait être l’une des trois filles du chanteur et acteur Féodor Chaliapine, son ami. Tous deux se retrouvèrent en exil à Paris. La toile peinte lors d’un séjour à la datcha se retrouva en France, peut-être rapportée par Korovine lui-même. Elle représente le souvenir d’une période heureuse malgré les troubles. La chaleur de l’été, la véranda ombragée, le banc de bois vert, les fruits récoltés… Un dernier éclat de l’impressionnisme russe.

Mercredi 3 avril, salle 1 - Drouot