Le monde en sphères

Publié par la Gazette Drouot

LOYSEL, Paris, fin du XVIIIe siècle. 
Rare ensemble de quatre sphères de bibliothèque daté 1793 dans un cartouche,
en carton bouilli, papier gravé et bois noirci, comprenant :
un globe terrestre, un globe céleste,
une sphère armillaire dite de “Ptolémée”
et un planétaire à bandeau de type copernicien. 
H. 20 cm.


Ce titre est une reprise de celui choisi pour une exposition qui sera inau- gurée le 16 avril prochain à la BnF, quai Mitterrand : une rétrospective couvrant 2 500 ans de production de globes et de sphères. Un amateur parisien du XVIIIe siècle pouvait se rendre au 9, rue du Plâtre-Jacques (le saint supprimé à la Révolution sera rétabli sous Napoléon), actuelle rue Domat. En 1806, on peut lire dans « Observations sur le zodiaque de Dendra » (in Revue philosophique littéraire et politique) : « On trouve chez Loysel, géographe rue du Plâtre-Saint-Jacques n° 9, les globes à pôles mobiles qui représentent l’état du ciel dans les différents siècles.» Loysel aurait été l’élève de Jean-Baptiste Fortin (1740-1817), fabricant de globes qui avait acheté le fonds de cartes de Robert de Vaugondy ; ingénieur pour les globes et les sphères, il est lui aussi connu pour ses cartes géographiques, qu’il transformera en puzzle pour apprendre la géographie aux enfants. Objet de savoir et d’art, le globe terrestre est utile aux navigateurs par sa sphéricité même, à l’image de la voûte céleste, et par la mécanique des planètes – d’abord autour de la Terre, fixe, et ensuite traçant ses ellipses autour du Soleil. Ce modèle va triompher en Europe, où toute institution savante, tout particulier érudit – ou pas – se doit de posséder une paire de globes, l’un terrestre, l’autre céleste ; pour sa bibliothèque, l’amateur ayant acquis ces sphères a désiré ajouter une planisphère et une sphère armillaire, dite « de Ptolémée », première représentation géocentrique du cosmos. Loysel était connu pour avoir inventé un planisphère perpétuel : son système permettait de trouver assez rapidement le changement des saisons, qui résulte de la précession des équinoxes (la dérive due à la rotation de la Terre), et l’on pouvait ainsi prendre connaissance des saisons dans l’Antiquité et dans le futur. On peut comprendre que les progrès scientifiques, les découvertes de nouveaux mondes, sans oublier le développement de l’imprimerie, aient permis à partir du XVIe siècle un essor de la réalisation des globes, par Blaeu et Hondius par exemple, Coronelli ensuite et, enfin au XVIIIe siècle, l’édition française avec Didier Robert de Vaugondy, Fortin et Loysel.

MERCREDI 27 MARS, SALLE 2 - DROUOT-RICHELIEU, À 13 H 30. TESSIER & SARROU ET ASSOCIÉS.