Une culture prospère

Publié par la Gazette Drouot

Ses effluves se répandent dans les nuages sacrés de l'empire chinois, entraiînant à leur suite la fabrication de nombreux objets joingnant à l'utile une forte symbolique et des enchères parfumées.

Le vase, né sous les Song, se développe aux époques ultérieures. Il est le contenant de la cuiller et des baguettes avec lesquelles on manipule la cendre et les braises. En bronze cloisonné – 37 200 €, une forme bouteille chez Tessier & Sarrou et Associés le 16 juin 2014 –, en bambou – 21 250 € un modèle sculpté entre le XVIIe et le XVIIIe siècle, chez Daguerre le 14 décembre 2013 –, en laque rouge (13 750 € chez De Baecque & Associés le 10 novembre 2017)... L’imagination des artisans est sans limites et use de tous les matériaux à leur disposition. Le florilège d’objets raffinés ne s’arrête pas là. La généra- lisation du parfum sous forme de bâtonnets entraîne l’apparition de nouveaux réceptacles. Chimères, éléphants, divinités taoïstes, sages « Hehe »... sont conviés à partir de la période Kangxi (1661-1722) à devenir des porte-encens. Ces supports, fonctionnant le plus souvent par paire, sont des partenaires réguliers des ventes d’Asie. Il est possible de les acquérir à partir de quelques centaines d’euros : 300 € une chimère Kangxi (avec une monture en bronze du XIXe siècle) en porcelaine émaillée vert, brun, jaune et noir lors de la vente de Drouot Estimations du 5 mars 2016, 1 628 € pour deux divinités taoïstes campées sur leurs jambes et supportant le plateau (Kalck et associés, le 21 novembre 2016), 1 377 € un couple de chiens de Fô en blanc de Chine du XVIIIe siècle (Thierry de Maigret le 17 avril 2014), ou encore 2 631 € un couple de chimères en por- celaine émaillée bleu turquoise (Auction Art Rémy Le Fur & Associés, le 10 juin 2014)... et la liste pourrait se poursuivre.
Profitant des nombreux bienfaits qui lui étaient attribués, l’encens a su tracer son sil- lage au long de toutes les dynasties. L’affiche de l’exposition de Cernuschi reprend un détail d’une peinture datant des Ming, où l’on voit une jeune femme rêveuse parfumer ses longues manches au-dessus d’un brûle-parfum. Une image d’une rare poésie, aérienne comme les volutes odorantes, et délicate comme la culture des lettrés.


UNE DATE 1115
On a pu dater vers cette année-là le Xiangpu, soit le plus ancien traité des parfums, écrit par Hong Chu.


Adjugé 47 120 €
Brûle-parfum tripode en bronze doré et émaux cloisonnés, décoré en polychromie de fleurs de lotus bouddhiques sur fond bleu turquoise.
Chine, époque Qianlong (1736-1795).
Diam. 10 cm.  H. 7 cm.
Paris, Drouot, 16 juin 2014.
Tessier & Sarrou et Associés OVV.  Cabinet Portier et associés.