Comte DUPLEIX de CADIGNAN (1738-1824)

Lot 75 - Vente du vendredi 26 juin 2009 salle 13
Jean-Baptiste DUPLEIX DE CADIGNAN (1738-1824)
MANUSCRIT autographe signé, Journal des differentes campagnes que j’aÿ fait soit par terre ou par mer, depuis que je suis entré au service, ainsi que des principaux evenements qui se sont passés dans les differents climats que j’aÿ parcouru…, 1784-1785 ; 2 volumes de 285 pages grand in-fol. et 141 pages in-fol., reliures de l’époque en parchemin.
Estimation : 20 000 / 25 000 €

Adjugé : 59 000 €


Expert : Thierry BODIN, Les Autographes Syndicat Français des Experts Professionnels en OEuvres d'Art,
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TRES INTERESSANT MANUSCRIT DE MEMOIRES DE PLUS DE TRENTE ANS DE SERVICES DE CET OFFICIER, NOTAMMENT SUR LA GUERRE D’INDEPENDANCE AMERICAINE.
Jean-Baptiste Dupleix de Cadignan est né à Condom (Gers) en 1738 et fit, comme ses cinq frères une carrière d’officier : lieutenant en 1754, capitaine en 1756, il est promu lieutenant-colonel du régiment d’Agenais et nommé chevalier de Saint-Louis en 1777 ; il prit part aux combats de Yorktown en 1781 et de Saint-Christophe en 1782 ; il prit sa retraite en 1785 et se retira à Condom.
Cet important manuscrit fut élaboré d’après des journaux de bord tenus au jour le jour, et augmenté de récits d’événements dont le chevalier de Cadignan fut le témoin ou eut une connaissance directe. Il comporte des précisions sur les vents, la mer, la visibilité ; les colonels, lieutenants-colonels et majors sous lesquels, ou avec lesquels Cadignan servit ; les noms de vaisseaux, de leurs capitaines et des compagnies embarquées ; les distances parcourues quotidiennement ; des mots mémorables, des anecdotes sur des erreurs administratives ou stratégiques ; des échos transmis par des marins, des espions ou des déserteurs ; mais aussi des descriptions des lieux et des peuples, des observations piquantes, et d’intéressantes analyses historiques et militaires sur la rivalité durable entre la France et l’Angleterre, et le rôle des Français dans la conquête de l’indépendance des États-Unis d’Amérique. Nous ne pouvons en donner ici qu’une rapide analyse.

ÉTAT DES SERVICES DE DUPLEIX DE CADIGNAN.
Brève chronologie de sa carrière en France, Angleterre, Irlande, Corse, Saint-Domingue et Amérique, dans le régiment d’infanterie de Bourgogne, puis celui d’Agénois. Dupleix Cadignan ajoute tradivement : « J’etois entré au service le 15 avril 1754, et j’aÿ quitté le 15 aoust 1785 »… 1755-1758.

CAMPAGNE DE LOUISBOURG, ILE ROYALE (île du Cap Breton, sur la côte du Canada).
« Sur le rapport qui s’est fait au roy, de la foiblesse de ses colonies dans l’Amerique septentrionale, et du dessein que paroissoit mediter depuis longtemps l’Angleterre, dont les etablissements confinent avec les notres, de s’agrandir, et de se rendre maitresse de toutes nos possessions dans ce nouvau monde. Pour prevenir les vues ambitieuses d’une couronne que la France doit toujours regarder avec raison comme son ennemie, sa majesté resolut de mettre le Canada à l’abri de toute insulte, en ÿ faisant passer des troupes pour arreter les courses des Anglois »… Embarqué le 11 avril 1755 sur le Dauphin royal (70 canons, capitaine M. de Montalet), à Brest, « l’on occupa toute l’escadre à des frequents exerçiçes de canon et de mousqueterie, pour la mettre en état de resister aux anglois, d’apres les différents bruits qui couroient qu’ils devoient nous attaquer au sortir de Brest »… La flotte met à la voile le 3 mai ; le 8 juin, à trois jours de Louisbourg, a lieu un combat naval au cours duquel les Anglais prennent deux vaisseaux… – « Description de l’isle Royale » : climat et ressources naturelles, histoire de sa colonisation, mœurs de la « nation sauvage » des « Mickmaks »… – Siège de Louisbourg : au terme de 49 jours de combats et de destructions, la garnison française capitule, le 26 juillet… 1759-1760.

CAMPAGNE DU NORD.
Prisonnier de guerre pendant sept mois, en Angleterre, Cadignan rentre en France le 1er avril 1759 et fait la campagne maritime dans le Nord avec le capitaine THUROT, parcourant Göteborg (Suède), Bergen (Norvège), les îles Fero (gouvernées par le Danemark), et participant à la prise de Carrickfergus (Irlande), en février 1760… – Récit du pillage, « usage de la guerre », et suite inattendue : Cadignan passe deux mois et demi à Belfast, à nouveau prisonnier de guerre… 1769-1772.

CAMPAGNE EN CORSE CONTRE PAOLI.
Un ordre du comte de VAUX, chargé de soumettre la Corse, est mal interprété par les chefs du régiment de Bourgogne, et celui-ci est « écrasé », subissant plus de pertes que l’armée toute entière. Portrait de Pascal PAOLI : ses ambitions tyranniques, ses talents de chef de parti politique, sa persécution des Fabiani, les secours clandestins qu’il reçoit d’Angleterre… ; considérations sur les habitants « fanatiques » de la Corse ; observations sur les bandits corses « de père en fils »…. Opérations militaires contre les rebelles, menées sous les ordres de Vaux, Marbeuf, Vioménil, Caupène, Boufflers, Arcambal, etc. – 1777-1779.

SAINT-DOMINGUE.
La traversée depuis Brest. Descriptions de Ténériffe, la Martinique, Porto Rico, le Cap François et le Mole Saint-Nicolas (Saint-Domingue)… – Motifs de l’intervention française : mettre fin à la prétention des Anglais de faire la police des mers, et d’empêcher l’aide aux « insurgents » américains… De l’inévitabilité de la révolution américaine, et de l’erreur monumentale des Anglais, de croire à une « sédition passagère »… – L’entrée en guerre de la France : le départ de l’escadre du comte D’ESTAING « fit ouvrir les yeux » aux Anglais… Nouvelles des combats de la Belle Poule, 17 juin 1778, et de la Concorde, 22 août 1778. – Prise d’armes au Cap, le 27 août, pour entendre la lecture, par le comte d’ARGOUT, gouverneur général de l’île, d’une lettre du Roi les incitant à « toutes les hostilités autorisées par les loix de la guerre »… – Notes sur les mouvements de bateaux français, anglais, hollandais, échos de la guerre, regrets qu’un nombre insuffisant de vaisseaux les empêche de prendre la Jamaïque… – Relation du combat de la Minerve contre un corsaire anglais, 9 janvier 1779. – Tentatives pour obtenir l’aide financière ou matérielle des Espagnols à la Havane ou dans la partie espagnole de Saint-Domingue. – Mutinerie sur un bâtiment français parti de Lorient. – État des vaisseaux aux ordres du comte d’ESTAING : canons, commandants... – Digression : « Précis de la campagne, et de la conquête du SENEGAL par Mr le marquis de Vaudreuil, en 1779 »… – L’Espagne entre en guerre contre l’Angleterre, 1er septembre 1779 : état de sa marine, ses canons, ses commandants des vaisseaux… – Tableau des pertes et mutations dans le bataillon que Cadignan commande, 1775-1779 ; tableaux des armées navales britannique, et franco-espagnole. Réflexions sur la supériorité de ces dernières, et cependant la Grande Bretagne « n’avoit encore eprouvé à cette epoque d’autre revers notable que la defaite de l’amiral Byron, et la prise des isles St Vinçent et de la Grenade, qui apres tout n’etoient pas des evenements irreparables, d’autant qu’ils avoient à nous Pondichery dans les Indes, et Ste Lucie aux Antilles. Il n’ÿ eut pas un moment de decouragement dans les ministres anglois. Ils chercherent seulement à reveiller adroitement dans toutes les cours de l’Europe, l’idée de l’ambition de la France, idée née sous Louis XIV, eteinte dans un regne de 60 ans, et dont les vestiges auroient surtout dû être effaçés par la moderation que la France montroit sous Louis XVI. Cest peut être à cette moderation que nous dûmes le silence observé dans toute l’Europe dans la querelle de ce temps-la. En effet que demandoit la France à cette epoque ! la liberté du commerçe, et de l’Amerique ! »…

CAMPAGNE D’AMERIQUE.
– Exposé des motifs de la conduite de la France relativement à l’Angleterre dans la guerre de 1778, concluant à la droiture des intentions de Louis XVI… – Précis de la campagne de Mr le comte Destain dans l’Amerique septentrionale et aux Antilles en 1778, et 1779 : vibrante relation des exploits de l’amiral d’ESTAING, où l’on rencontre les noms de WASHINGTON, SULLIVAN, BARRINGTON, VAUDREUIL, GRASSE, NOAILLES, PREVOST, DILLON, etc. État comparatif de ses forces, et de celles de l’amiral HOWE, à son arrivée. Blocus de Rhode Island. Manifeste adressé par d’Estaing, au nom du Roi de France, aux « anciens françois de l’Amérique ». Prise de l’île de Saint-Vincent. Combat naval et conquête de la Grenade. Préparatifs pour donner l’assaut à Savannah (Géorgie) ; erreurs stratégique ; blessures reçues par d’Estaing : « Sa retraite jetta nos troupes dans la consternation, surtout lorsqu’on le vit passer tout ensanglenté porté sur un brancar par six grenadiers. Il seroit impossible de rendre jusques à quel point il s’etoit consilié l’amour des soldats, par sa bravoure, et son affabilité, je crois bien aussi que la maraude qu’il avoit toleré dans le prinçipe ÿ avoit un peu contribué »… Levée du siège. Jugement sur cette « fameuse expédition » de d’Estaing : « On ÿ voit les lauriers qu’on se proposoit de ceuillir se convertir en cÿprés. L’armée de terre n’eut qu’à sen louer. Il fit tout ce qui etoit en son pouvoir pour soulager les soldats tant que le siege dura, il n’epargna ni sa personne ni sa bourse. Mrs de la marine n’en firent pas le même eloge »… Cadignan souligne cependant que d’Estaing « fut constament persecuté par les vents », et il accuse l’ambivalence des Américains : « chez le peuple l’on ÿ decouvroit toujours la même anthipatie contre la nation françoise. Je doute que les americains sÿmpatisent jamais avec les françois, qu’autant que leur interet personnel les ÿ portera […], ils oublieront bien vite que cest à la Françe, à qui ils sont redevables de leur independence. Il est à craindre que par la suite des temps, lorsque les 13 cantons unis de l’Amerique se seront peuples, ce qui doit avoir lieu neçessairement, vu la liberté generale de consciençe qui ÿ est accordée, ce peuple ne vienne à calculer ses forçes et ses ressourçes, et combien il lui seroit facile de reunir à sa domination, la plus grande partie des possessions que les diverses puissançes de l’Europe possedent dans les Antilles. Ils pourroient tres certainement s’emparer de St Domingue, la Martinique, et la Guadeloupe avant que la Françe n’eut songé à faire sortir un seul vaisseau de Brest. Je desire me tromper dans mes conjectures »… 1780-1781, reprise du journal de SAINT-DOMINGUE. Mort du gouverneur général D’ARGOUT, 8 mars 1780 ; mort à 120 ans (et éloge) du capitaine VINCENT OLIVIER, nègre et ancien esclave affranchi, vétéran de la guerre de la succession d’Espagne et capitaine des milices de couleur à Saint-Domingue. Relation du combat naval du 19 mars au large de l’île par LA MOTTE-PICQUET. Appréciation de LILLANCOURT, gouverneur général par intérim, qui fit promptement reconnaître M. de REYNAUD dans le commandement général de l’île. Arrivée d’un convoi de 90 bâtiments (23 avril 1780). Trois combats au large des îles du Vent, entre les flottes commandées par GUICHEN et RODNEY, juin-juillet 1780… Trahison du général Benedict ARNOLD, fameux patriote, « un de ceux qui contribua le plus avec le general Gatés, à la destruction de l’armée roÿaliste commandée par le general Burgoigne, et qui n’evita sa perte totale que par la capitulation honteuse qu’elle fit à Sarratoga. C’etoit enfin le meilleur ami, le bras droit du general Wasingthon »… ; tentative manquée de Lord CLINTON, commandant en chef des forces britanniques, de s’emparer du fort de West Point, « le Gibraltar de l’Amérique septentrionale » : détails abondants sur le complot, sa découverte, les suites tragi-comiques… Échec d’une attaque anglaise sur Saint-Vincent. Prise par l’amiral RODNEY de la colonie hollandaise de Saint-Eustache (îles du Vent). Relation du combat naval du 16 mars 1781, dans la baie de Chesapeake, entre l’escadre aux ordres du chevalier DESTOUCHES, et celle commandée par l’amiral ARBUTHNOT. Détails relatifs à l’escadre de M. de MONTEIL, partie du Cap en décembre 1780, rentrée en juillet 1781 : expédition franco-espagnole au fort de Penascola (île de Sainte-Rose)… Précis des opérations de l’armée navale du comte de GRASSE aux îles du Vent… Journal de la campagne du comte de Grasse dans l’Amérique septentrionale dans l’an 1781. 2 août, embarcation d’un corps de 3300 hommes, sous les ordres du marquis de SAINT-SIMON, sur la flotte commandée par le comte de GRASSE. Cadignan en fait partie, avec le Régiment d’Agénois. Récit détaillé du voyage jusqu’à leur arrivée, le 30 août, dans la baie de Chesapeake. Siege de la ville d’Yorck par l’armée americaine et françoise, aux ordres du generalissime Wasingthon. Exposé de la position du marquis de LA FAYETTE, en Virginie. 2 septembre, description de Jamestown (Virginie), détruite par les barbares anglais : foyers abandonnés, maisons incendiées, cadavres de femmes et enfants dans la rue, violation des sépultures… 4-5 septembre, observations sur les troupes américaines sous les ordres de WASHINGTON : montures superbes, armement limité, habillement tout personnel. « Le general Wasingthon n’a jamais pu les familiarizer avec le canon, encore moins les faire rester en raze campagne. Nous les comparions aux corses, dans leur maniere de faire la guerre, dailleurs excellents tireurs comme eux, ne manquant jamais à une bonne portée le bût auquel ils visent, tres sobres, et tres endurçis à la fatigue »… Nouvelles des Anglais, par une patrouille capturée par les Américains : préparatifs du général anglais CORNWALLIS, pour se retrancher à York [YORKTOWN]. Nuit du 7 au 8 septembre, départ pour Williamsburg. 9-10 septembre, revue des troupes par LA FAYETTE et SAINT-SIMON ; admiration à la vue de Williamsburg, désertée, mais dotée d’un College et d’un Capitole magnifiques. 13 septembre, fourniture de chevaux réquisitionnés par NELSON, gouverneur de la Virginie. Arrivée du comte de STUBENS, ancien aide de camp du Roi de Prusse, passé major général au service du Congrès ; il a donné aux Américains « les premiers elements de la tactique militaire »… 14 septembre, arrivée du généralissime WASHINGTON et du général ROCHAMBEAU ; portrait élogieux de Washington, qui n’a jamais désespéré du salut de la République… Préparatifs secrets de cette bataille qui doit libérer la Virginie… 15 septembre, visite par Washington et Rochambeau des postes avancés de l’armée français ; éloge public de LA FAYETTE. 16 septembre, réception d’une dépêche du comte de GRASSE : sa flotte s’est réunie avec l’escadre du comte de BARRAS, et ils ont eu un combat naval avec l’armée anglaise commandée par les amiraux GRAVES et HOOD. « Précis » de ce combat. 17 septembre, Washington et Rochambeau se rendent dans la baie de Chesapeake, pour préparer avec Grasse les opérations du siège d’York. « Lorsque le generalissime eut debordé de la Ville-de-Paris, on le salua de 3 cris de Vive-le-roi, et de 13 coups de canon »… 21 septembre, arrivée de 600 hommes aux ordres de M. de CHOISY, venus de Rhode Island sur l’escadre de Barras. 22 septembre, retour de Washington et Rochambeau. Explosion : CORNWALLIS avait envoyé 6 brûlots pour mettre le feu aux vaisseaux et bloquaient la rivière... 23-26 septembre, réunion à Williamsburg de troupes aux ordres du baron et du comte de VIOMENIL. 27 septembre, la division américaine commandée par La Fayette et le corps du général GREEN se portent à 6 miles en avant. 28 septembre, départ des armées française et américaine pour York. Critiques sur les erreurs stratégiques de CORNWALLIS, qui les laisse approcher sans opposition. L’ennemi se retire de ses avant-postes alors qu’ils débouchent dans la plaine… Quelques coups de canon sont tirés vers Washington, Rochambeau et leurs officiers d’état-major, plutôt « pour leur faire honneur, que pour les troubler dans leurs opérations »… 28-30 septembre, travaux d’élargissement des voies de communication, construction de redoutes… Topographie de Yorktown. Imprévoyance de Cornwallis, et médiocre état de ses fortifications. Reconnaissance des alentours par le comte de Vioménil, les grenadiers d’Agénois et les chasseurs de Gâtinais ; décisions stratégiques. Découverte de deux redoutes abandonnées par Cornwallis : explication de cette erreur, qui prouve que le général était moins entreprenant qu’on ne le disait… 1er-6 octobre, préparatifs du siège ; ouverture de la tranchée, dans la nuit du 6. 7-8 octobre, feu sur les travailleurs, réplique par les « riffle-man » de La Fayette… 9-11 octobre. Washington ordonne le début du feu ; poursuite des travaux nocturnes sur la tranchée ; prix de ces travaux. Rapport d’un déserteur… On tire « à boulets rouges » sur les bâtiments dans la rade : le Charron, 44 canons, prend feu ; dès lors « toutes les batteries de canon et de mortier se dirigerent sur ce point, et firent jusques au jour un feu epouvantable »… 11-12 octobre, Washington et Rochambeau décident de faire ouvrir une autre parallèle, à 100 toises des retranchements ennemis ; échec d’une tentative de brûler les abattis de l’ennemi en avant de sa redoute de la droite… 12-13 octobre, feu terrible sur les travailleurs : 30 morts ou blessés ; entrée dans la nouvelle parallèle, dont le point le plus éloigné est à 120 toises du corps de la place. « A chaque pas que nous faisions en avant, notre etonnement redoubloit. Nous ne pouvions pas conçevoir la cause d’une aussi parfaite tranquilité de la part de l’ennemi. On pouvoit même l’appeler, apathie, dans toutes les regles. Comment, etoit-il possible ! que 6000 hommes des troupes réglées, des troupes agguerries, accoutumées au climat, bien nourries, et bien paÿées, nous laissassent ouvrir une seconde parallele, aussi prez du corps de leur place, sans faire des vigoureuses sorties »… 13-14 octobre, bombardement ennemi : 75 hommes tués ou blessés, « la plus forte perte tomba sur les americains, qui sans se decourager travaillerent toute la nuit avec une ardeur sans egale »… Nouvelles d’une désertion « tres considerable » de la part d’Allemands au service des Anglais. 14-15 octobre, décision de prendre les deux redoutes occupées par l’ennemi, en dehors de la place : les Français sont chargés de la plus forte des deux. « Le baron de Viosmenil n’eut pas plustot prononçé le signal convenu, qui etoit à moi, grenadiers, vive le roi, tue, tue ! que les grenadiers et chasseurs […] arrachent, et penetrent dans çes abattis de sapin, à travers une grelle efroÿable de mousqueterie, et arrivent au pied de la redoute. Les uns plantent leurs echelles, les autres sautent dans le fossé, grimpent par dessus, et s’acrochant aux palissades, penetrent dans la redoute, sans que la mort, ni la chute de leurs camarades qui etoient renversés dans le fossé puisse les intimider. Des l’instant qu’une partie de ces braves gens, eut penetré dans la redoute, l’ennemi ne fit point la resistance à laquelle l’on s’attendoit. Les anglois se replierent dans un des boÿaux qui communiquoit au corps de la place, et de la ils firent un feu terrible, et maltraiterent beaucoup nos troupes. Pour ceux qui voulurent tenir ferme dans la redoute, ils furent presque touts egorgés, à la reserve de 40 anglois, et de 5 officiers, auxquels le baron de Viosmenil sauva la vie. Il les envoya sur le champ au generalissime Washington »… Bilan des pertes… 15-16 octobre, 500 hommes de l’infanterie légère de Cornwallis font une sortie nocturne et attaquent le régiment d’Agénois ; le colonel d’Autichamp rallie ses troupes et les Anglais regagnent leurs retranchements… 16-17 octobre, pluie d’obus sur la tranchée : ce fut le « dernier effort » de l’ennemi, et le 17 « vers les 4 heures du soir on vit sortir des retranchements un offiçier anglois avec un mouchoir blanc à la main faisant signe qu’il avoit une lettre à remettre. Des qu’il fut entré dans notre tranchée il pria qu’on fît cesser le feu, et qu’on le conduisit au general Washington »… On voit des chaloupes quitter York pour Gloucester… 18 octobre, échange d’otages, discussion des articles de la capitulation. Explication de la politique du Congrès, visant à « séduire » les étrangers pour les faire s’établir en Amérique… 19 octobre, texte des articles de la capitulation ; cérémonie de la sortie d’York, à laquelle Cornwallis n’assiste pas, remplacé par le général WAREM, commandant le bataillon des gardes angloises : il tâche de présenter son épée à Rochambeau, mais celui-ci le renvoie au généralissime américain. Contrairement à l’usage, et à la différence de leurs camarades allemands, les officiers anglais défilent « leurs mains nonchalement derriere le dos, leurs epées dans le fourreau, une legere canne à la main, et ne saluerent exactement que les officiers généraux des deux armées qui etoient à l’entrée de la ville. Cette conduite ainsi que leur arrogance revolta les deux armées » ; les soldats anglais évitent de regarder les Américains… – Evenement qui prouve que le prejugé national put être detruit : petit roman sentimental arrivé chez un planteur francophobe… Traversée de l’Amerique septentrionale, à la Martinique sur la flotte du comte de Grasse, 28 octobre-26 novembre 1781. Journal de bord avec ordre de marche des vaisseaux. 1781-1782.

ANTILLES.
Reprise du journal de bord, dans le second volume. Le régiment d’Agénois est alors aux îles du Vent. Relation de la prise de Saint-Eustache, par le marquis de BOUILLE, fin novembre. Siège de l’île de Saint-Christophe, auquel Cadignan participe, avec détail des manœuvres des armées navales française et anglaise, janvier-février 1782, et texte de la capitulation des îles de Saint-Christophe et Nièves. Événements dans les mers des Antilles, mouvements de vaisseaux, manœuvres. Combat naval du 12 avril 1782, entre RODNEY et GRASSE ; ses suites ; longue analyse de l’importance de la victoire anglaise, et des erreurs d’appréciation de Versailles et Madrid ; bilan des morts et blessés. Journal de la traversée du Port-au-Prince en France en 1782, 1er août-28 novembre ; voyage dont les étapes sont marquées avec précision, de même que les aléas tels qu’une insuffisance dangereuse d’eau douce, le risque des corsaires, la rencontre d’un petit navire anglais en détresse… Précis des differents evenements de la guerre qui a procuré l’independence aux Etats Unis de l’Amérique : chronologie récapitulative, suivie d’états de la population, des principaux ports américains, et des pertes anglaises, françaises, espagnoles, hollandaises et américaines, en vaisseaux, frégates ou corvettes.

ON JOINT divers documents familiaux : lettres de chevalier de Saint-Louis pour Louis Dupleix de Cadignan signées par Louis XVIII, 1814 ; partage de succession parmi les parents de la veuve de Louis Dupleix, 1829, et son testament, 1830 ; liste de frégates et bâtiments du Roi ; etc.


TRANSLATION
Jean-Baptiste DUPLEIX de CADIGNAN (1738-1824). Signed autograph manuscript, log book of different cruises I did, whether by sea or land, since I entered the service, as well as the major events that occurred in different areas I traveled in..., 1784-1785. 2 volumes of 285 pages large in folio and 141 pages in folio, original skin parchment binding. Very interesting manuscript of memories regarding more than 30 years serving as an officer, particularly during the American Revolutionary War. Jean-Baptiste DUPLEIX de CADIGNAN was born in Condom (Gers, France) in 1738 and he was, as his five brothers, a career military officer : lieutenant in 1754, commander in 1756, he was promoted lieutenant-colonel in d’Agenais regiment and was appointed chevalier de Saint Louis in 1777. He took part of fights in Yorktown in 1781 and in St Christopher in 1782; He retired in 1785 and then left to Condom. This important manuscript was elaborated from log books held day by day and increased of reports (write up), of events that Chevalier Cadignan witnessed, and of which he had a direct knowledge. It includes accuracies regarding winds, seas, visibility; colonels, lieutenants-colonels, majors under whom Cadignan served. Names of warships, of their captains, and of the body gathering embarked, daily-covered distances; unforgettable words, anecdotes regarding administrative or strategic mistakes; echoes delivered by sailors, spies or draft dodgers (deserters); as well as descriptions of areas and peoples, piquant observations and interesting historical and military analysis regarding the long lasting competition between France and England, role played by the French in the conquest of the Independence of the United States of America. From which we only can give here a short analysis.
Statement of positions held successively by DUPLEIX de CADIGNAN. Short chronology of his career in France, England, Ireland, Corsica, Saint-Domingue and America, in infantry regiment of Burgundy, then the one of Agenois (Agen area). DUPLEIX de CADIGNAN lately adds: “I entered the service on April 15th 1754 and I left on August 15th 1785”… 1755 –1758. Campaign of Louisbourg, Ile Royale (Cap Breton Island by the Canadian shore) “Regarding the report done to the King, the weakness of his Northern American colonies, and the goal that England, seemed to ponder for a long time, of which her counters, close to ours, to expand, and to control all our possessions in the New World. To prevent ambitions of a crown that France must consider as an enemy, His Majesty, resolute to keep Canada out of reach of insult, in taking troops to stop English privateering”… Embarked on April 11th on “ Dauphin Royal” (70 cannons, captain M. de Montalet) in Brest, “The whole squadron spend most of its time in cannon exercises and mousqueterie, in order to resist the English, according to different gossips, they would attack out of Brest”…The fleet gets under way on May 3rd; on July 8th, 3 days away from Louisbourg, takes place a naval battle in which the English take 2 ships… - “Depicting the Ile Royale”: climate and natural supplies, history of colonization, customs of the “Mickmak” “wild nation” … Siege of Louisbourg : after 49 days of fights and destructions the French garrison surrenders, on July 26th… 1759-1760 Campaign of the North. CADIGNAN return to France after spending 7 month in England as war prisoner and makes maritime campaign in the North with Captain Thurot, going to Gothenburg (Sweden), Bergen (Norway), The Faroe Islands (under Danish rule), and participates to the capture of Carrick Fergus (Ireland), on February 1760… Account of the looting, “Treaties and laws governing warfare”, and unexpected sequel: CADIGNAN spends 2 month in Belfast, and once more war prisoner… 1769-1772. Corsica Campaign against Paoli. An order from comte de Vaux, responsible for submitting Corsica is badly interpreted by heads of the regiment of Burgundy, and this one is crushed, undergoing more loss that the whole army. Portrait of Pascal Paoli: his tyrannical ambitions, his talents as head of political party, his persecution of the Fabianis, the illegal helps he receives from England…; considerations regarding “fanatic” inhabitants of Corsica; observation regarding Corsican rascals “from father to son”… Military operations led against rebels, under orders of de Vaux, Marbeuf, Vioménil, Caupène, Arcambal, etc. 1777-1779. Saint Domingue. The crossing from Brest. Description of Tenerife, Martinique, Porto Rico, Cap François and Mole Saint Nicolas (Saint-Domingue)…Motives of the French operation : stop English claims to control seas and prevent help to the American “insurgents” … Regarding the inevitability of the American Revolution and the English enormous mistake in believing in a “brief insurrection” … - France entrance into war : the getting under way of the squadron of comte d’Estaing “makes the English realize”…News of fights of “La Belle Poule”, on June 17th 1778, and of “La Concorde”, on August 22nd 1778.- Seize of arms in Le Cap, on August 27th , to hear the reading, by comte d’Argout, gouverneur general of the island, of a King’s letter, urging to all hostilities allowed by treaties and laws governing warfare”… - Notes regarding French, English, Dutch ship movements, echoes of the war, regrets of insufficient number of ships in order to prevent them to seize Jamaica…- Relating the fight of La Minerve against English corsairs, on January 9th 1779.- Attempt to obtain financial or material help from the Spanish in Havana or in the Spanish part of saint Domingue.- Mutiny on a French ship left from Lorient.- Condition of ships under command of comte d’Estaing: cannons, commandants…- Digression : Précis regarding the campaign and the conquest of Senegal by Mr le marquis de Vaudreuil, in 1779”…- Spain enters war against England, September 1st 1779: condition of its navy, its cannons, its ship commandants … - Casualty of war and transfer in the battalion CADIGNAN commanded, 1775-1779; boards of the British naval armies and of the Franco-Spanish ones. Consideration regarding the latest, though, at that time, Great Britain has not suffered any notable reverse yet, except the one of Admiral Byron and the capture of St Vincent and Granada Islands, which after all were not irretrievable events, plus they had from us Puducherry in the East Indies and St Lucie in the West Indies. There was no moment of discouragement in the English rulers. They only try to skillfully revive all the courts in Europe, the idea of the French ambition, idea that was born under the rule of Louis XIV, extinguished by a 60-year reign, and the remains of which should have been eclipsed by the moderation France showed under Louis XVI. It is probably thanks to this moderation that we got this silence from the whole Europe in the quarrel of that time. Indeed, what France was asking for at that time!: freedom of commerce, and of America!”… Campaign of America.- Explanation of the motives of the behavior of France regarding England in the war of 1778, conclusive to the honesty of Louis XVI’s intentions…- précis of the campaign of Mr le comte de Destain in Northern America and in the West Indies in 1778 & 1779: vibrant report of admiral d’Estaing’s exploits, where we can meet names such as Washington, Sullivan, Barrington, Vaudreuil, Grasse, Noailles, Prevost, Dillon, etc. Comparisons of his forces and of the ones of admiral Howe, at his arrival. Blockade of Rhode Island. Manifest addressed by d’Estaing, in the name of the King of France, to the “former French of America” . Capture of the Island of St Vincent. Naval battle and conquest of Granada Island. Mounting to give assault in Savannah (Georgia); strategic mistakes; wounds inflicted to d’Estaing : “His retreat cast our troops in consternation, particularly when we saw him passing by, covered with blood, held on a stretcher by 6 grenadiers. It is impossible to describe the affection he received from his soldiers, his bravery, his affability, I think, it is due to toleration he had regarding marauding”. Raise of the siege. Opinion regarding this “famous expedition” by d’Estaing: “One could see laurels, that we were about to pluck, turn into cypress”. The army praised it. He did everything possible to sooth soldiers during the whole period of the siege. He did not spare his health nor his purse. Those from the navy did not praise him the same way. However, CADIGNAN emphasizes that d’Estaing “was constantly persecuted by winds”. And he also accuses the American ambivalence: Among the people, we could always feel antipathies against the French. I doubt that Americans, one day, could sympathize with the French as long as their personal interests would prevail. They will rapidly forget that it is thanks to France that they are independent. We can fear that, in the future, these 13 little cantons will unit as one people, which will happen soon, considering the liberty of conscience they have, this people will reckon its power and its supplies, and therefore it will be easy for them to control all the territories in the West Indies that the European powers possess. They certainly could seize St Domingue, Martinique and Guadeloupe before France could even get under way any ship from the harbor of Brest. I wish I must be mistaken. 1780-1781. Taking back the log book of St Domingue. Death of the gouverneur general d’Argout, on March 8th 1780, death at the age of 120 years (eulogy) of captain Olivier, nigger and former freedman, war veteran of the war of the Spanish Succession and captain of the colored militia at St Domingue. Report of the naval battle on March 19th off the island by La Motte-Picquet. Rating of Lillancourt, acting as gouverneur general who rapidly admitted Mr. De Reynaud in the general commandment of the island. Arriving of a convoy of 90 ships (April 23rd 1780). Three battles off the shores of Leeward Islands between the fleets commanded by Guichen and Rodney, on June-July 1780…Betrayal from general Benedict Arnold, famous patriot “ one of those who contributed the most to the destruction of the royalist army commanded by general Burgoigne, and who avoided his total loss by his shameful capitulation in Saratoga. He was Washington’s best friend and right hand”... ; unsuccessful attempt of Lord Clinton, commander in chief of the British forces, to capture the fort of Westpoint” : abundant details regarding the plot, its discovery, the tragic-comic following episode…Defeat of an English attack on St Vincent. Capture by admiral Romney of the Dutch colony of Sint Eustatius (Leeward Islands). Report of the naval battle, on March 16th 1781, in Chesapeake Bay, between the squadron under command of Chevalier Destouches, and the one commanded by admiral Arbuthnot. Details relating to the squadron of Mr de Monteil, leaving le Cap on December 1780, returning on July 1781: Franco-Spanish expedition in the fort of Penascola (St Rose Island) …Précis of the operations of the naval army of le comte de Grasse in Leeward Islands… Log Book of the campaign of le comte de Grasse in Northern America, in the year 1781. On August 2nd, boarding of 3,300 men under command of marquis de saint Simon, on a fleet commanded by comte de Grasse. Cadignan is part of them, with the regiment of Agen. Detailed account of the journey until his arrival, on August 30th in Chesapeake Bay. Siege of Yorktown by the American and French armies, under command of the generalissimo Washington. Account of the position of marquis de Lafayette, in Virginia. September 2nd, description of Jamestown (Virginia), destroyed by the bloody English: Abandoned homes, fired houses, corpses of women and children down the streets, violations of sepultures… September 4th & 5th, observation on the American troops under command of Washinton: marvelous mounts, few weapons, personal clothing. They never could adapt themselves to cannons, or stay in open country. They can be compared to Corsicans, in their way to wage war, for that matter of fact, very good shooters like them, never miss within range the goal they are aiming, very temperate, very fatigue tough”…News from the English, by a patrol captured by the Americans: mounting of the English general Cornwallis, to leave to Yorktown. On the night of September 7th & 8th, departure to Williamsburg. On September 9th & 10th, trooping of colors by Lafayette and Saint Simon, admiring the townscape of Williamsburg, deserted but equipped with an high schools and a magnificent Capitol. On September 13th, horse supplies requisitioned by Nelson, governor of Virginia. Arrival of comte de Stubens, former camp assistant to the King of Prussia, promoted major general at the service of Congress, he gave the Americans the first elements of military tactic”… On September 14th, arrival of generalissimo Washington and of general Rochambeau; praised portrait of Washington who never despaired of the salvation of the Republic… Secret mounting of the battle that should liberate Virginia… On September 15th, visits by Washington and Rochambeau of the French army advanced positions; public eulogy of Lafayette. On September 16th receipt of a dispatch from comte de Grasse: his fleet gathered with the squadron of comte de Barras, and the fought against the English navy, commanded by admirals Graves and Hood. “Précis” of this battle. On September 17th, Washington and Rochambeau go to the Chesapeake Bay, in order to prepare with Grasse operations of the siege of Yorktown. When Generalissimo left the ship “La Ville de Paris”, he was hailed by three “Vive-le-roi” (God save the King), and 13 cannon shots”…On September 21st, arrival of 600 men under command of Mr de Choisy, coming from Rhode Island on the squadron of Barras. On September 22, return journey of Washington and Rochambeau. Explosion: Cornwallis sent 6 fire ships to set fire on ships and then blockaded the river… On September 23rd –26th, gathering in Williamsburg of troops under command of baron and comte de Viomenil. On September 27th the American division commanded by Lafayette and general Green frame are settled 6 miles forward. On September 28th, departure of the French and the American armies to Yorktown. Critics regarding Cornwallis’ strategic mistakes who let them approach with no opposition. The enemy withdraws from his advanced positions though they come out a plain… Some cannon shots to Washington, Rochambeau and their general staff officers, rather to honor them than to trouble them in their operations”… On September 28th –30th , broadening roadwork, building of redoubts…Topography of Yorktown. Lack of foresight by Cornwallis and poor condition of his fortifications. Acknowledgement of the surroundings by comte de Vioménil, grenadiers from Agen and chasseurs from Gatinais; strategic decisions. Discovery of 2 redoubts abandoned by Cornwallis: explanation of this mistake that proves that the general was less enterprising than he was told. On October 1st – 6th , mounting of the siege; opening of trenches in the night of October 7th / 8th , shots on the workers, counter attacks by Lafayette’s “riffle-men”… On October 9th-11th. Washington order to start shooting; continuation of the night work on trenches , cost of this work, Report of a deserter… One shots on ships in the harbor: “Charron”, a 44 cannon ship takes fire, from that moment, all cannon batteries and mortars focused on that point and did, up to daybreak, a dreadful fire”... On October 11th /12TH , Washington and Rochambeau decide to open a new trench, 100 fathom from the enemy retrenchments; unsuccessful attempt to set fire on the enemy’s brushwood before the right hand redoubt… On October 12th / 13th, dreadful fire on workers : 30 dead or injured, coming to the new trench, from which, the further point is 120 fathoms away . Each step forward increased our astonishment. We could not imagine the reason of such a perfect quietness from our enemy. We could even call it apathy. How was it possible! That 6,000 men from regular troops, confirmed troops, well acclimatized, well fed and well paid, let us open a second trench, so close to their central place, without vigorous sorties”. ... On October 13th /14th, enemy bombardments : 75 men killed or injured, “the highest loss fell on the Americans, who, without being discouraged, worked the all night through, with deep ardour”… News regarding a very important desertion, from Germans under English command. On October 14th/15th, decision to take the 2 redoubts occupied by the enemy, out of the place: The French are in charge of the largest of the two. “As baron de Viosmenil pronounced the signal of the attack, grenadiers and chasseurs, at once, pulled off and entered these pine brushwoods, through a dreadful hail of shots, and arrived on the basis of the redoubt. Some men set their ladders in the ground, others jump into the ditch, climb over it, clinging on fences, get into the redoubt, without being intimidated by the fall or death of their comrades. From the moment part of these courageous guys entered the redoubt, the enemy did not resist as he was supposed to do. The English withdrew into one of the trenches connected with the main body of the place, and from here, shot dreadfully and ill-treated many of our troops. For those who wanted to resist into the redoubt, most of them had the throat cut, except for 40 Englishmen and 5 officers whose lives were saved by baron de Viosmenil. They were at once sent to generalissimo Washington”… Result of the loss… On October 15th /16th, 500 Cornwallis’s infantry men attack the regiment of Agen during the night; colonel d’Autichamp rejoins his troops and the English return to their retrenchment…On October 16th/17th, hail of shells on the trench: it was the last endeavor of the enemy, and on 17th at about 4 pm, we saw an English officer coming out of the retrenchment and, a white handkerchief in hand, indicating that he had a letter to deliver. As he entered our trenches, he begged us to ceasefire and asked to be led to general Washington”…We see rowboats leaving Yorktown to Gloucester… On October 18th, hostage exchange, talks regarding points of the surrender (capitulation). Explanation of the Congress aiming at seducing foreigners to settle in America… On October 19th, text on points regarding the capitulation; Yorktown surrender ceremony of which Cornwallis did not attend, and is replaced by general Warem, commanding the English guard battalion: he tries to present his sword to Rochambeau, but the latter sends him to the American generalissimo. Unlike their German comrades, English officers march listlessly, their hands behind their back, their sword into the sheath, holding a light stick and saluting only the general officers who were at the entrance on the city. This behavior and arrogance irritated the two armies”; The English soldiers avoid to glance at the Americans… - Events which proves that national prejudices can be destroyed: little sentimental novel arrived at a “francophobic” planter’s place. Crossing of the Northern America, in Martinique on the fleet of comte de Grasse, on October 28th / November 26th 1781. Log book with ship working orders 1781-1782. West Indies. Returning to my log book , in the second volume. The regiment of Agen is at that time in Leeward Islands. Account of the capture of Sint Eustatius, by marquis de Bouille, at the end of November. Siege of St Christopher Island, of which Carignan participated, with details of manoeuvres of the French and English naval armies, January-February 1782, and text of the capitulation of St Christopher and Nieves Islands. Events in Caribbean seas, ship movements and manoeuvres. Naval battles on April 12th 1782, between Rodney and Grasse; its sequels; long analysis regarding the importance of the English victory, and of the appraisal errors in Versailles and Madrid; result of the dead and injured. Log book of the crossing from Port-au-Prince to France in 1782, on August 1st / November 28th ; journey of which stages are precisely marked, as well as hazards such as lack of drinkable fresh water, corsair risk, the encounter of small English ships in distress… Précis of the different events of the war that gave independence to the United States of America. Recapitulative chronology followed by a survey of the population, the major American harbor, and the English, French, Spanish, Dutch and American loss in ships, frigates, corvettes. Are included some documents from the family : letters of chevalier de Saint-Louis order for Louis Dupleix de Cadignan signed by Louis XVIII, 1814 ; succession shares among Louis Dupleix’s widow relatives, 1829, et his testament (will), 1830; list of frigates and king’s ships; etc.