VENTE DU MIME MARCEAU du 29 mai 2009

Une vente qui n’est pas passée sous silence…

« La parole n’est pas nécessaire pour exprimer ce que l’on a sur le coeur » Marcel Marceau

Vente judiciaire des souvenirs du Mime Marceau 26 et 27 mai 2009 - Drouot-Richelieu
André Quellier
« Bip, les masques », 1960
Huile sur panneau
Adjugée : 20 583 €

L’émotion était grande pour la dispersion de tous les objets et souvenirs qui faisaient partie de l’intimité du Mime Marceau.
490 000 € hors frais soit 559 000 € frais compris, sur une estimation de 250 000 € étaient récoltés sous le marteau de Rodolphe Tessier grâce à des enchères provenant de collectionneurs français, européens, américains et japonais.
Une somme qui ira directement à l’Etat sans pour autant couvrir la totalité du passif de l’artiste qui s’était beaucoup endetté dans le financement de ses spectacles.

Beaucoup d’admirateurs, d’anciens élèves et de collectionneurs tentaient de sauver de la dispersion des objets cultes tels le chapeau de Bip, estimé 800 / 1 000 € et acheté par une admiratrice à 3 200 € contre un américain au téléphone. Le mythique costume de BIP était acquis pour 5 717 € par une société de spectacles. Les pancartes et costumes de scène étaient en partie achetés par l’association « un musée pour Bip » qui a commencé à récolter des fonds pour créer un Musée, l’Etat français ayant refusé de le faire malgré de nombreuses sollicitations.
Cette association (www.unmuseepourbip.com) montée par Valérie Bochenek avec le soutien de personnalités tels que Robert Hossein, Laurent Terzieff ou Jean Michel Ribes achetait 13 lots dans la vente.

Le personnage de BIP nait en 1947 en hommage à celui de PIP imaginé par Charles Dickens dans « les grandes espérances ». Visage fardé de blanc aux lèvres noires, haut de forme piqué d’une marguerite, pantalon blanc et pull marin rayé, Bip est son double, le petit frère de Pierrot, personnage poétique et mélancolique qui exprimait toutes les facettes de l’âme humaine.

Costume de BIP 5 717 €
Chapeau de BIP 3 200 €
Et pourtant le département des Arts du spectacle de la B.N.F. préemptait 21 lots dont un émouvant cahier que le Mime Marceau utilisait pour prendre des notes durant ses tournées (1 143 €), 4 oeuvres peintes par Marcel Marceau dont une gouache intitulée «BIP au cirque, 1976 » (6 861 €) et la ravissante encre de chine de 1960 « le regard » (2 515 €), le grand tableau de André Quellier représentant « Bip sur scène, 1956 » (6 861 €), 5 aquarelles de Jacques Noël, son fidèle décorateur ( jusqu’à 1 372 € pièce).

Les 125 oeuvres peintes par Marcel Marceau créaient la surprise.
Elles étaient volontairement dépourvues d’estimation, n’étant jamais passées sous le feu des enchères. Si les gouaches étaient vendues en moyenne 3 500 €, et les dessins entre 500 et 2 500 €, la gouache « Le public qui observe », acquise par un collectionneur, atteignait 12 578 €.
Signalons que de nombreux marchands étaient séduits par l’oeuvre peint de Marcel Marceau. Marcel Marceau devant ses toiles Marcel Marceau – « le public qui observe » gouache 50 x 76 cm (Collection personnelle). Reproduite dans le programme de la tournée japonaise de 1983 Vendue 12 578 €.

Rappelons que Marcel Marceau avait étudié le dessin aux Arts Décoratifs de Limoges où il s’était réfugié en 1942. Il n’arrêtera jamais de dessiner. Après avoir préféré l’encre, il découvrira la couleur sous l’influence de Rouault dont il apprécie le mysticisme et de Chagall dont il adore l’imagerie populaire et la poésie. Inspiré par William Blake, proche de la théologie chrétienne et de la mythologie grecque, et puis par le peintre flamand James Ensor, Marcel Marceau exprimera à travers la peinture ce monde onirique qui l’habitait, les grandes questions existentielles qui le hantaient. Il réalisera des pantomimes et peindra certains thèmes de la bible comme Abel et Caïn, Jacob et l’ange, Samson et Dalila, David et Goliath ou des mythes tels que Don Juan, Faust et Mephisto.

Le lot le plus cher de la vacation
Une grande huile sur panneau de 1960 d’André Quellier représentant « Bip, les masques » acheté par un collectionneur suisse à 20 583 €.

La photographie figurant en couverture du catalogue et ayant fait la couverture de la Gazette de l’Hôtel Drouot N°12, représentant « Bip chasse le papillon » était acquise dans un lot de 20 tirages pour 1 143 €, tandis que les 12 tirages d’époque de Bip à New York lors de son premier voyage en 1955, portant le cachet d’Henri Dauman, partaient à 914€. © H. Dauman Le mime Marceau à NY en 1955, 914 €, Bip chassant le papillon, 1 143 €.
Camille, la fille de l’artiste, était secrètement émue quand le marteau tomba à 9 148 € sur l’automate à musique, le « Magicien Turc ».
Une pendule en bronze doré d’époque Restauration estimée 1 800 / 2 000 € était adjugée 8 576 €, tandis qu’une petite commode en merisier du XVIIIème siècle, estimée 2 000 / 2 500 € trouvait preneur à 6 289 €.
Parmi les tableaux anciens, une huile sur cuivre datée vers 1620, « Le bal costumé », était adjugée 5 488 €.
Enfin, le lot n°734, quatre silhouettes de théâtre forain en tôle peinte, circa 1890, partait à 5 717 € frais compris.

A l’issue de la vente Rodolphe Tessier déclarait « j’ai été très touché d’avoir pu rendre hommage à cet immense artiste et à cet homme généreux. Je suis heureux d’avoir pu faire connaitre sa peinture et d’avoir établi une côte très honorable pour cet artiste complet dont l’univers énigmatique, profond et singulier a marqué les mémoires et la culture française à travers le monde ».

« Il entre chez nous sur ses pieds de voleur avec le terrible sans-gêne du clair de lune » Cocteau


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