Plans sur la comète

Maroc, XVIIe siècle. Astrolabe en argent, diam. 11,1 cm.
Lundi 29 juin 2015, salle 6 - Drouot-Richelieu.

Description du lot dans le catalogue

Le 2 février dernier, sous le même marteau, un astrolabe en laiton, exécuté à Fès au XIVe siècle, était disputé jusqu’à 314 480 € (frais compris), bien au-delà de son estimation. Un bon augure… Rares sont les astrolabes en argent à nous être parvenus, on saluera donc celui-ci, plus petit que l’ouvrage proposé cet hiver et anonyme. Comme les modèles en or, dont aucun ne semble avoir survécu, ils appartenaient à de riches potentats. Connu depuis le Ve siècle, notamment à Alexandrie, «le roi des instruments» fut développé par les savants arabes dès le IXe. Son mécanisme est simple : une sphère céleste est projetée sur la ligne de l’équateur et des parties mobiles permettent, en s’ajustant, d’affiner sa situation à partir d’un endroit précis. On peut y lire l’heure et le jour selon la position du soleil, la nuit selon celle des étoiles et des planètes. Utile à l’enseignement de l’astronomie, l’astrolabe permet également de calculer l’heure des levers et couchers de soleil et de prévoir les éclipses. Impossible de perdre le nord ! C’est à Ibn Al-Zarqali, astronome originaire de Tolède réfugié à Cordoue, mort en 1 100, que l’on doit la mise au point d’une telle merveille, dont le modèle sera repris en Andalousie et au Maghreb. Notre exemplaire, assez austère, est typique de la fabrication marocaine. L’araignée porte les noms et positions de vingt-trois étoiles, dont onze boréales, à l’intérieur de l’écliptique, et douze australes, à l’extérieur. Le tracé de l’écliptique est gravé des noms usuels des douze signes zodiacaux. Le limbe de l’astrolabe, divisé en 360°, est fondu en une seule pièce avec le trône ajouré, et rivé au dos. Celui-ci est gravé sur le limbe d’une échelle de degrés, en quatre fois 90°, autour d’un calendrier zodiacal divisé en trente parties. N’omettons pas les quatre tympans, dont trois sont gravés, pour les latitudes, de La Mecque et Médine, Fès et Mekhnès, Marrakech et Alger. Sur le quatrième est inscrite à l’avers une projection pour la latitude 0°, le revers révélant une graphie de tous les horizons. Sans être unique, cet ancêtre du GPS n’en est pas moins précieux...