DROUOT 2024 – D’après un vase rituel en bronze


Publié par Drouot

L’importance des rites en Chine est primordiale. De l’empereur au villageois, le respect dû aux ancêtres et aux divinités est observé par toute la société, les manquements étant sanctionnés par des événements tragiques (famines, révoltes, assassinats, changements de régime...). Lorsque le premier empereur de la dynastie Ming prend, en 1368, les rênes du pouvoir, les finances de l’Empire du Milieu sont au plus mal. Avec autorité, Hongwu décide des réformes agraires, développe les centres manufacturiers et, par souci d’économie, commande des porcelaines épousant les formes des vases rituels en bronze. Ses successeurs poursuivent cette production, qui atteint des sommets de perfection, comme l’atteste ce vase datant de l’époque de Zhengde qui régna de 1505 à 1521. Le dixième empereur des Ming passe d’importantes commandes à la manufacture de Jingdezhen, le plus grand centre de production de porcelaine en Chine. Les ateliers travaillent en priorité pour l’empereur, qui se réserve les plus belles pièces et offre quantité de vases, plats et autres coupes aux personnages importants de la cour et de l’administration. Depuis le règne de Xuande (1426-1435), une marque est apposée au revers des porcelaines envoyées à Pékin. Ce vase s’inspire des vases hu. La dénomination désigne des jarres de grande capacité, aux formes variées, mais partageant un certain nombre de caractéristiques : corps bulbeux se rétrécissant avant un long cou et un pied annulaire. Le Yili (Livre des rites et des cérémonies) mentionne qu’il était utilisé pour les boissons alcoolisées, d’autres classiques penchent pour le service de l’eau. Le décor bleu et blanc de lotus dans leurs rinceaux est emblématique des porcelaines de cette dynastie.

Ce vase est à rapprocher de deux modèles conservés dans la collection du British Museum de Londres, similaires par leurs dimensions comme par leur décor. De telles pièces appartenaient à des garnitures d’autels composées de deux vases à anses accompagnés d’un brûle-parfum et de deux pique-cierges. L’empereur mandchou Qianlong, soucieux d’inscrire son règne dans la généalogie de ses prédécesseurs han, favorisera l’essor de la production de telles pièces de bon augure. Le lotus est symbole de fidélité...


Chine, dynastie Ming, époque Zhengde (1506-1521).
Vase à haut col évasé polylobé en porcelaine à décor en bleu sous couverte, de fleurs de lotus dans leurs rinceaux, frises de feuilles de bananier, ruyi, nuages, rinceaux feuillagés, leiwen et perle flammée, flanqué de deux anses polylobées soutenant des anneaux.
Au col, la marque à quatre caractères en kaishu de Zhengde.
H. 44,6 cm.
755 200 €. Paris, 12 juin 2024. Cabinet Portier & Associés.
TESSIER & SARROU ET ASSOCIÉS.